Depuis le premier robot industriel Unimate dans les années 60, la robotique industrielle n’a cessé de se perfectionner en faisant la course à la vitesse et à la précision. Depuis 2012, la robotique collaborative casse ce modèle en proposant une nouvelle course, la course à la flexibilité et à l’adaptabilité. Ce n’est que la première étape vers une robotisation agile plus agile.
Automatiser la production d’un bien à l’aide d’un robot suit généralement un ou plusieurs des 4 grands objectifs suivants : augmenter la cadence, augmenter la qualité, diminuer les coûts et diminuer les risques pour les opérateurs. En particulier, cette dernière raison prend de plus en plus de place en raison des nouvelles dispositions françaises sur la pénibilité au travail.
« Beaucoup d’industries très automatisées font l’expérience de la rigidité, du manque de flexibilité »
La robotique industrielle répond à ce besoin par des machines très performantes mais aussi coûteuses à l’achat et surtout coûteuses à mettre en œuvre car nécessitant d’organiser le flux matière et produits autour du robot, à la seconde et au mm définit par l’intégrateur. C’est bien là que se trouve le problème de nombres d’entreprises. Beaucoup d’industries très automatisées font l’expérience de la rigidité, du manque de flexibilité. Sans compter que souvent, le coût du robot ne représente au final qu’une partie du coût total de la cellule robotisée. Une fois le projet robotique mis en œuvre, projet qui a nécessité plusieurs mois et plusieurs centaines de milliers d’euros (en général), l’amortissement d’une telle cellule robotisée se compte en années. Si cela est parfois acceptable pour certaines industries, pour la plupart, c’est un risque important. Désormais, les donneurs d’ordres demandent plus de flexibilité, de variabilité et d’adaptabilité afin de faire face à un marché où la concurrence est désormais mondiale, où le consommateur demande un nouveau produit tous les ans (cf. les smartphones).
Enfin, les PME-PMI ne robotisent pas certaines tâches car elles n’ont pas le volume qui justifie l’investissement. Un robot facilement déplaçable, reconfigurable, reprogrammable avec un minimum de temps et de coût serait la solution pour toutes ces entreprises.
C’est typiquement ce problème qui est adressé par la robotique collaborative et en particulier par le robot Sawyer de Rethink Robotics. Un robot collaboratif est un robot qui ne nécessite pas de cage de protection (si la tâche le permet bien-sûr), qui est peu onéreux à l’achat et surtout, qui est facile à programmer / reprogrammer. Cette robotique est désormais au cœur des besoins des industriels, qu’ils soient de grandes entreprises de l’automobile, des ETI ou bien, de plus en plus de PME, notamment grâce aux aides et programmes tels que le suramortissement ou le programme robot Start PME.

« En 2020, 50% des robots industriels vendus seront des robots collaboratifs »
Ce que l’on appelle l’industrie du futur (ou industrie 4.0 au niveau international), mouvement qui consiste à faire entrer les outils numériques dans les processus de production industriels, identifie clairement la robotique et en particulier la robotique collaborative comme l’un des axes majeurs de la stratégie.
Deux études datées de 2015, celle d’ABI et celle de Barclays pointent du doigt deux faits importants :
- L’investissement en robots et éléments d’automatisation est en train de repartir et d’accélérer, après la crise de 2008 qui était venue mettre un coup d’arrêt.
- En 2020, 50% des robots industriels vendus seront des robots collaboratifs.
Ce dernier chiffre est très impressionnant. La robotique collaborative est arrivée sur le marché seulement en 2012. La croissance de ce segment est très rapide. Des acteurs nouveaux, issus de la robotique de service (cousine de la robotique industrielle) ou plus généralement du numérique, se sont fondés sur ces produits et rebattent les cartes du secteur industriel. Ces nouveaux produits constituent une opportunité pour se démarquer et prendre de l’avance sur ses concurrents, y compris ceux qui sont déjà automatisés mais qui font face au problème de la flexibilité (voir plus haut).
La robotique vit actuellement ce que l’informatique a vécu dans les années 80 au moment de la transition entre les gros systèmes (principalement IBM) et la micro-informatique. Cette dernière, moins puissante mais plus agile a su rapidement détrôner les acteurs historiques et est à la base aujourd’hui d’entreprises puissantes représentées par les GAFA. Les gros systèmes sont toujours en place au cœur des entreprises comme les banques mais la majeure partie de la valeur ajoutée est réalisée par la micro-informatique via Internet.
On peut légitimement penser que la robotique actuelle est en train de reproduire ce schéma et que la robotique collaborative ouvre des perspectives comme a pu en ouvrir la micro-informatique en son temps.
Ce mouvement vers de la robotique flexible ne se limite pas aux bras robotiques. Les AGV (Automated Ground Vehicle) se démocratisent également avec des robots plus petits, plus faciles à mettre en œuvre et ne nécessitant à présent aucune modification de l’environnement. Il n’y a qu’à voir comment Amazon a pris une avance significative sur ses concurrents en rachetant Kiva System (aujourd’hui Amazon Robotics). Les nouveaux AGV se distinguent par des logiciels de navigation plus performants, capables de s’adapter à des obstacles dynamiques comme les êtres humains. Ils ne nécessitent pas de cartographier l’entrepôt ou de placer des balises ou autres marqueurs sur le bâtit. Leur mise en œuvre est simple, efficace.
Cette robotique agile peut être facilement mise en place, à un coût bien inférieur à de la robotique classique, et surtout, elle peut être reconfigurée ou même supprimée si le besoin se fait sentir. L’industriel peut donc faire varier son outil de production et ainsi s’adapter en permanence. Une chance pour les entreprises des pays économiquement développés par rapport aux pays à faibles coûts salariaux.